A qui profite ce silence après les élections?
Quelques heures après le scrutin, des informations circulaient sur les réseaux sociaux donnant le parti CNL d'Agathon Rwasa comme vainqueur de ce scrutin. Certaines de ces informations venaient même de la RTNB, la radio télevision Nationale, très censurée par le pouvoir.
D'autres commençaient à balancer des chiffres montrant qu'Agathon Rwasa est vainqueur, certains membres et partisans se réjouissent.
Une journée après, une autre version tombe: C'est Evariste Ndayishimiye qui est vainqueur et la RTNB peut le confirmer aisément
"Le travail de comptage des voix se déroule dans les commissions électorales communales indépendantes (CECI), le parti cndd-fdd vient en tête avec 76% des voix suivi du parti CNL avec 17% des voix", affirme sans scrupules une journaliste à la RTNB.
Dès lors, aucune information ne filtre, et le silence commence à inquiéter plus d'un.
"De mon vivant, c'est le 5ème suffrage universel au Burundi (1993, 2005, 2010, 2015, 2020). Mais jamais une CENI n'a été aussi muette. Et pourtant, les enjeux sont les mêmes: Renouveller les institutions", affirme un politologue burundais sur Twitter.
Il ajoute qu'en 2010, la CENI a joué son rôle. Néanmoins avec des écueils. Mais personne ne peut dire que le scrutin s'est deroulé dans l'opacité. Jusqu'au retrait des dossiers par ceux qui contestaient le premier scrutin, la CENI a toujours communiqué.
Contrairement aux autres scrutins, la CENI a opté pour le silence. Le peuple burundais retient son souffle, la peur gagne les esprits. Des rumeurs, des fake news et des spéculations qui proviennent de partout alimentent les réseaux sociaux à tel point qu'il est difficile de connaitre la vérité.
Du côté du cndd-fdd, on observe un nouveau comportement. Alors qu'on était habitué à les voir jubiler quelques heures après le vote, ce n'est pas le cas aujourd'hui. Tout le monde se tait. Même les réseaux sociaux qu'ils inondaient de messages sont pour le moment au repos. Même Willy Nyamitwe qui était toujours présent s'abtient en ce moment.
Comme l'indique un message qui circule sur WhatsApp venant de la direction du parti cndd-fdd en province Gitega, tout "Mugumyabanga" est appellé à la retenue et à la discrétion jusqu'à ce que la CENI proclame les résultats. Ce message conseille aussi aux Bagumyabanga de ne pas terroriser "leurs adversaires".
Ce comportement étrange étonne au moment où certains n'hésitent même pas à dire que le cndd-fdd serait perdant de cette course électorale et qu'il est pour le moment entrain de chercher une issue qui lui permettra de garder le pouvoir sans faire de trop de casses.
Selon certaines sources non officielles, il y aurait deux camps au sein du cndd-fdd: Ceux qui sont prêts à reconnaitre la vérité des urnes sans les manipuler. Ce groupe serait convaincu que tout comportement contraire à la vérité en ce moment pourrait plonger le pays dans une guerre et que toutes les conséquences pourraient être collées au parti cndd-fdd.
Un autre groupe composé de certains hauts gradés de l'armée serait pour une proclamation d’Evariste Ndayishimiye comme vainqueur de ces élections et dit être prêt à étouffer toute tentative de contestation.
D'après toujours ces informations, la position du président Pierre Nkurunziza, guide suprême du patriotisme ne serait pas claire pour le moment. Ce qui alimente beaucoup de suspicions.
De toutes les façons, ce silence de 3 jours après le scrutin, pour ceux qui savent les Bagumyabanga en ce qui concerne les élections, est plutôt porteur d'un message qui n'augure rien de bon.
Agathon Rwasa de son côté affirme dans un interview donné au journal Iwacu que c'est lui le vainqueur des élections et qu'il est prêt à le prouver. Il a ajouté que lui et son parti ne sont pas prêts à céder. Certains de ses militants affirment qu'ils sont pour lcette position de leur leader et retiennent le souffle pour le moment.
Pourquoi la CENI est-elle muette à ce point?
A -t-elle oublié que son rôle d'arbitre doit être joué au moment où les deux camps en jeu sont prêts à s'affronter?
Le sort des Burundais se joue maintenant et il est entre les mains de la CENI. Si elle prend une position juste, la justice triomphera et le Burundi sera ainsi sauvé.
Milindi Honore