Une commission électorale sans indépendance

Le 25 mai 2020, la Commission Électorale Nationale Indépendante CENI, devant ses nombreux invités dont des diplomates accrédités à Bujumbura a proclamé officiellement les résultats provisoires du triple scrutin du 20 Mai 2020.

Après cette proclamation, certaines voix ont commencé à montrer des incohérences dans les chiffres présentés par la CENI et cette dernière perd le contrôle et enlève ces chiffres sur son site web. Le 28 Mai 2020, le président de la CENI, Dr Pierre Claver Kazihise se présente devant la presse pour donner des clarifications. Sur la question de savoir pourquoi la CENI a enlevé les chiffres du 25 Mai sur son site Web, M. Kazihise a répondu que ces chiffres ont été enlevé parcequ'ils n'avaient pas été visés ni contrôlés par les membres du bureau de la CENI, donc qu'ils ne devraient être publiés.

 « Ce qui a été publié n'était qu'un draft qui n'avait pas lieu d'être publié », explique le président de la CENI avant d'ajouter:

« Prochainement nous mettrons les chiffres que le bureau a visés et contrôlés et vous allez voir que ces chiffres sont probablement plus justes. »

Mais, à la surprise générale le 30 Mai 2020, la CENI a mis sur son site web une synthèse des résultats provisoires des élections du 20 Mai avec des chiffres similaires à ceux proclamés le 25 Mai quand on ne regarde que les totaux. De plus, à la page 4 de sa synthèse la CENI fait une déclaration surprenante:

« Est élu président de la République du Burundi le Candidat du parti cndd-fdd, Evariste Ndayishimiye. »

 Ce que rejette les experts en droit qui font savoir que la CENI , en faisant cette déclaration a outrepassé la loi, que seule la cour constitutionnelle a le droit de proclamer qui est élu.

Selon ces experts, le rôle de la CENI est de collecter les chiffres et les envoyer à la cour constitutionnelle qui, après verification a les prérogatives de proclamer celui qui a gagné les élections. Sur ce comportement étrange de la CENI, Me Gustave Niyonzima, vice président de CAVIB et avocat au barreau de Bujumbura a déclaré à la Radio Haguruka que la CENI n'a en aucun cas le droit de faire une telle déclaration. Pour lui, l'article 77 de la loi du 20 Mai 2019 portant code électoral est claire: « Seule la cour constitutionnelle a le droit de proclamer qui est élu »,  explique -t-il.

Selon lui, aussi longtemps que la cour constitutionnelle ne s'est pas encore prononcé à ce sujet, nul n'a le droit de de dire que tel ou tel autre candidat a été élu . Me Gustave Niyonzima ajoute que ce comportement montre que la Commission Électorale Nationale Indépendante travaille pour le compte du parti au pouvoir au lieu d'être une commission Indépendante et un arbitre.

Il donne l'exemple des cas où cette CENI s'est donnée le droit de manipuler les listes électorales du parti CNL dans les provinces Kayanza et Bujumbura rural alors que les articles 108 du code électoral et l'article 73 de la constitution de 2018 ne le leur permettent pas. Il conseille à la cour constitutionnelle de respecter la loi et d'être un bon arbitre, et à la CENI de se ressaisir et corriger ses erreurs dans les chiffres définitifs.

Vouz saurez qu''en dépôt de cette déclaration de la CENI, le parti CNL d'Agathon Rwasa a déjà déposé à la cour constitutionnelle le dossier de recours pour les élections de Mai 2020 disant que ces élections ont été entachées d'irrégularités dans tout le pays et attent pour le moment la décision de cette cours. Signalons aussi que selon le calendrier de la CENI , la proclamation des résultats définitifs du triple scrutin est attendu ce 4 Juin.

Par Honoré Milindi

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