Le CNDD-FDD : Un parti à supprimer ?
Il y’a quelques semaines, j’ai regardé sur YouTube la chronique d’Alain Foka évoquant l'échec de la démocratie en Afrique. J’ai beaucoup réfléchi sur l’avènement du multipartisme en Afrique et pourquoi la démocratie ne marche pas en Afrique et en particulier au Burundi.
En réfléchissant sur ce problème, j’ai constaté que certains partis politiques en Afrique sont aujourd’hui le premier obstacle à la vraie démocratie, c’est-à-dire celle qui a comme objectif principal l’intérêt général du peuple. Pour le cas du Burundi, le CNDD-FDD est un désastre pour les Burundais y compris ses partisans. Le CNDD-FDD est à mon avis un parti à supprimer sur tout le territoire burundais et ses dirigeants devraient être traduits devant la justice.
Pour arriver à cette conclusion, je me suis essentiellement inspiré par la pensée de Simone Weil concernant les partis politiques. Simone Weil est une philosophe française qui en 1940, a rédigé un texte intitulé « Note sur la suppression générale des partis politiques ». Pour elle, les partis politiques portent en eux le germe du totalitarisme. Les partis politiques n’ont pas pour objectif de dire la vérité, de rendre la justice ou de se consacrer au bien public. Qu’en est-il du CNDD-FDD ?
Mensonges au plus haut niveau de l’Etat burundais
En ce qui concerne la vérité, Simone Weil trouve que les partis politiques sont des machines à fabriquer du mensonge. Pour elle, les partis politiques sont également des machines à fabriquer de la passion collective. Ils ne cherchent pas à illuminer le peuple par un discours de vérité, mais bien plutôt à persuader par la mise en place d’une propagande. La vérité d’un parti politique est une vérité qui s’adapte et la fidélité à un parti politique pousse nécessairement ses partisans à sacrifier la vérité pour le parti. Sur ce, Simone Weil a écrit ce qui suit : « Si un homme, membre d’un parti, est absolument résolu à n’être fidèle en toutes ses pensées qu’à la lumière intérieure exclusivement et à rien d’autre, il ne peut pas faire connaître cette résolution à son parti. Il est alors vis-à-vis de lui en état de mensonge ».
Prenons le cas d’Evariste Ndayishimiye, président actuel du Burundi. Le 23 août 2020, il a demandé à tous les hauts cadres de l’Etat de déclarer leurs biens et patrimoines. Ils avaient deux semaines à partir du 24 août 2020. Le 25 septembre 2020 lors d’une conférence publique, il est revenu sur ces propos en expliquant que cette vérification peut prendre plus d’une semaine pour chaque personne. Il a ensuite dit qu’ils se sont dit que chacun devrait garder secret ses richesses. Dans quelques mois, il va faire deux ans au pouvoir. Ces déclarations des biens et patrimoines ne sont pas encore faites. Si Evariste Ndayishimiye n’est pas capable de faire respecter la loi et en tant que président viole la constitution burundaise pour se protéger et ses collègues de son parti, le peuple burundais a dans ce cas les pleins pouvoirs de renverser son pouvoir pour le rétablissement d’un Etat de droit.
J’aimerais aussi vous donner un autre exemple du président Evariste Ndayishimiye qui cette fois-ci cherche à nous mentir ou à nous manipuler pour encore une fois se protéger, son parti et les agents du SNR (Service national des renseignements).
Augustin Matata est un membre du parti d’opposition CNL, qui est décédé le 15 novembre 2021. Il n’y a pas de doute sur les causes de sa mort. Il s’agit bel et bien des actes de torture qui lui ont été infligés par les agents du SNR.
En Belgique lors de sa rencontre avec les Burundais vivant en Europe, Evariste Ndayishimiye a dit qu’il a été torturé par un agent du SNR qui n’était pas en service ce jour. Chose que je trouve incompréhensible. Il a ajouté que c’est probablement un crime commandité par l’opposition. D’après Evariste Ndayishimiye, il croit que l’opposition serait derrière l’assassinat d’Augustin Matata pour éviter qu’il dénonce ses complices qui lui ont fournis les armes que le SNR prétend avoir trouvées chez le domicile d’Augustin Matata.
J’ai écouté plusieurs fois les propos d’Evariste Ndayishimiye. C’est très grave qu’un président puisse tenir un tel discours. Vous pouvez comprendre que le mensonge ou cette façon de cacher la vérité n’a pour but que de soigner l’image du CNDD-FDD et de protéger les dirigeants actuels du Burundi. Mais ce qu’Evariste Ndayishimiye oublie est que tout le monde ne peut pas tomber dans ce piège. J’aimerais vous informer pour ceux qui ne le savent pas que la présidence burundaise est le seul patron du SNR. Ce qui fait d’Evariste Ndayishimiye le premier responsable de tous les gens qui ont été tués par les agents du SNR. Un jour, il devra répondre à tout ce qui se passe au SNR.
Justice : Le CNDD-FDD est un parti hors-la loi.
Le président actuel Evariste Ndayishimiye et son parti, le CNDD-FDD, n'ont pas pour but de rendre justice. La justice est en effet l’un des premiers piliers pour que la démocratie soit réelle. Or, le CNDD-FDD est un parti hors-la loi et coupable de plusieurs violations de nos droits les plus indispensables. Voici quelques exemples.
Le droit à la vie est un droit inhérent à chaque personne. Mais le CNDD-FDD a déjà tué beaucoup de gens et cela depuis le premier jour de son existence jusqu’aujourd’hui. On compte les victimes dans les partis d’opposition et même au sein du CNDD-FDD. Il suffit d’écouter les discours du secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo, pour comprendre l’ampleur des crimes qu’ils ont commis et qu’ils continuent de commettre en toute impunité.
Le droit à la santé est un droit fondamental de l’être humain et reconnu dans tous les pays du monde entier. Mais au Burundi, si tu n’as pas la carte de vote ou un certificat attestant que tu as payé ceci ou cela exigé par le CNDD-FDD, l’accès aux soins médicaux est impossible. J’aimerais ajouter que la gestion de la pandémie de Covid-19 a montré à quel point le gouvernement burundais ne se soucie pas de la santé de sa population. Ce qui est en plus aberrant est que beaucoup de hauts cadres du CNDD-FDD se sont faits vacciner contre le Covid-19 mais peu d’efforts ont été faits pour vacciner la population burundaise.
Le droit de vote est un droit qui donne à tous les citoyens en âge de voter, la possibilité d’exprimer leur volonté à l’occasion d’un scrutin. Ce droit a été bafoué depuis que le CNDD-FDD est aux affaires. Les élections de 2010 ont été truquées. Les élections de 2015 étaient illégales. Le référendum constitutionnel de 2018 était une mascarade. Les élections de 2020, il faut demander à Pierre Claver Kazihise, président de la Commission Electorale Nationale Indépendante du Burundi. Il a raison de qualifier les résultats des élections de 2020 de « brouillon ».
Le droit à une justice équitable est aujourd’hui inexistant. Le président actuel du Burundi Evariste Ndayishimiye l’a même reconnu et la situation n’est pas en train de s’améliorer. Aujourd’hui, les victimes de cette injustice sont nombreuses et parmi elles, il y a celles qui sont en prison à la place des vrais coupables comme ce fut le cas Christa Kaneza. La liste de ceux qui attendent que la justice fasse son travail est longue et je ne vois pas comment ce problème va se résoudre puisqu’il y a un grand nombre de hauts cadres du CNDD-FDD et des Imbonerakure qui sont de près ou de loin impliqués dans les crimes politiques et économiques que connait le Burundi depuis que le CNDD-FDD est au pouvoir.
Le droit de propriété et le droit syndical sont depuis quelques mois la nouvelle cible du CNDD-FDD. J’aimerais finir cette partie concernant la justice par quelques réflexions sur le droit de propriété. Les conflits fonciers constituent plus de 70 % des affaires portées devant les tribunaux burundais et constituent également l’une des sources d’insécurité au Burundi. Le CNDD-FDD veut ajouter à tout cela l’expropriation des terres au profit des coopératives dont certaines sont aujourd’hui sous contrôle d’Evariste Ndayishimiye. Je me demande si on va vers une autre forme d'Ubugererwa. Chers compatriotes, je trouve carrément que la guerre est inévitable et que le sang va couler si rien n’est fait pour arrêter ce projet.
Le CNDD-FDD vise seulement sa propre croissance et surtout le bien-être de ses dirigeants.
Le CNDD-FDD n’est pas non plus intéressé par la recherche du bien public. Cela fait plus de 17 ans que le CNDD-FDD est au pouvoir mais tous les indicateurs de développement sont au rouge. Selon les chiffres de la Banque mondiale, plus de 87 % de la population burundaise en 2021 vit dans une extrême pauvreté avec moins d’un 1,9 dollars américain par jour.
Malgré cette pauvreté extrême que vit la population burundaise, le CNDD-FDD continue de construire dans toutes les provinces du pays des maisons du parti qui valent des centaines de millions. Une grande partie de l’argent utilisé pour la construction de ces maisons du parti provient des cotisations forcées et sûrement de l’argent détourné des caisses de l’Etat.
Le train de vie du premier ministre, Alain-Guillaume Bunyoni, montre aussi combien les hautes personnalités politiques et administratives au plus haut sommet de l’Etat sont devenus très riches au détriment de la population burundaise. Ce qui m’a le plus montré que le CNDD-FDD ne se soucie nullement du bien public est que le parlement burundais a voté à plus de 98 % pour le projet de loi concernant les avantages que le président sortant Pierre Nkurunziza bénéficierait après son mandat. Parmi ces avantages, on compte une villa de très haut standing construite avec les fonds publics, une allocation unique d'environ 1 milliard de Fbu, soit deux fois le montant prévu pour l’aide au développement qu’une commune reçoit par an. Dans ce même projet de loi, il est prévu que le président sortant va recevoir les mêmes traitements que le Vice-président de la République en exercice durant les sept premières années qui suivent la fin de son mandat. Il va ensuite bénéficier pour le reste de sa vie d’une indemnité égale aux rémunérations d'un député.
Ces exemples ci-hauts mentionnés témoignent bel et bien que le CNDD-FDD vise avant tout sa propre croissance et le bien-être de ses dirigeants. Ce qui est important n’est pas le bien public, mais la croissance illimitée du parti. Pour le CNDD-FDD, la recherche d’un pouvoir illimité est devenue la fin même du parti. Certains burundais croient toujours que le CNDD-FDD est là pour protéger leurs intérêts mais ils se trompent beaucoup. Les promesses du CNDD-FDD ne seront jamais respectées. C’est juste une propagande. Les intérêts du parti CNDD-FDD et ses dirigeants sont les seuls qui comptent. La récente mesure qui interdit les taxis-motos, taxis-vélos et tuk-tuk dans la plus grande partie de Bujumbura est un bel exemple du mépris du CNDD-FDD envers la population burundaise. Et pourtant, les conducteurs de ces engins ont participé dans plusieurs manifestations pour soutenir le CNDD-FDD.
J’ai beaucoup d’exemples qui peuvent vous montrer à quel point le CNDD-FDD est un parti du mal, qui utilise la passion collective pour nous diviser et régner. Sans doute, le CNDD-FDD est un parti qu’il faut supprimer mais c’est à toi, moi, nous tous de décider si on veut continuer à vivre sous le règne du CNDD-FDD ou pas.
Pour terminer, j’aimerais revenir sur la définition de la démocratie de Jean-Jacques Rousseau. La démocratie n’est pas le pouvoir du peuple mais le pouvoir de la raison du peuple car la raison nous unie mais la passion nous divise.
Par Jr Gihugu