Evariste Ndayishimiye pour l’impunité des crimes économiques De maquisard à président de la République
Après la signature de l’Accord global du cessez-le-feu, en 2003, par le CNDD-FDD, les anciens maquisards rentrent au pays. Evariste Ndayishimiye sera nommé chef adjoint de l’état-major de l’armée burundaise. De 2006 à 2007, il devient ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, avant d’être nommé chef de cabinet militaire à la présidence de la République, un poste qu’il va occuper jusqu’en 2014.
Avec la signature de l’accord de cessez-le-feu, en 2008, entre Bujumbura (aujourd’hui Gitega) et PALIPEHUTU-FNL, dernier mouvement rebelle, Evariste Ndayishimiye a été désigné comme représentant du gouvernement dans le Mécanisme conjoint de vérification et de suivi (MCVS). Et quand éclata la crise électorale de 2015 liée au 3ème mandat du président Nkurunziza, Evariste Ndayishimiye était le chef du cabinet civil chez le Président. Il est l'un des acteurs clés qui ont mené une répression meurtrière ayant fait plus de 1.200 morts et conduit 400.000 Burundais à l'exil, après la candidature controversée de M. Nkurunziza à un troisième mandat en avril 2015.
Depuis le 26 août 2016, il devient secrétaire général du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd. Le 26 janvier 2020, lors d’un congrès extraordinaire, il est choisi pour être candidat aux présidentielles prévues le 20 août 2020 à l'expiration du mandat de Pierre Nkurunziza. Le décès de celui-ci, lundi le 8 juin 2020 a poussé la cour constitutionnelle à décider d'avancer la prise de fonction du nouveau chef de l’Etat, jugeant un intérim pas nécessaire.
Le lourd héritage de Pierre Nkurunziza
Pierre Nkurunziza, après 15 années de règne sans partage laisse derrière lui un pays marqué par la pauvreté et la violence. Le bilan est désastreux, le pays caracole en tête des pays les plus pauvres et les plus corrompus.
Pour mémoire, Rappelons que, en novembre 2003, le ministère de la Bonne Gouvernance et de l’Inspection générale de l’État du gouvernement de transition fut confié à Pierre Nkurunziza, et que, tous les jours, pendant plus d’un mois et demi, la radio nationale égrena dans son éditorial de 13 h, ministère par ministère, les montants et les noms des gens qui s’étaient servis dans les caisses de l’État. Précisons que cette liste avait été établie par l’Inspection Générale des Finances, devenu par la suite Inspection Générale l’État.
On sait que le régime Nkurunziza, qui disait privilégier plus la réconciliation, la repentance, le pardon que la punition, avait pensé inviter les voleurs à remettre très discrètement les montants subtilisés au ministère de la Bonne Gouvernance, et qu’une grâce présidentielle leur serait accordée.
Sans succès, puisque seuls quatre ou cinq individus ayant détourné plus ou moins dix millions de FBU (environ dix milles USD à l’époque), furent alléchés par ”l’offre présidentielle”. Les dizaines de milliards de FBU attendus sont restés dans la nature.
Vingt ans après, c’est-à-dire en 2023, le chef d’État actuel Evariste Ndayishimiye, qui se réclame héritier de feu Pierre Nkurunziza, s’engage résolument à « poursuivre son oeuvre ».
Au lieu de sanctionner les auteurs des détournements des deniers publics, comme le prévoit la loi, le Chef de l'Etat leur demande de tout restituer à la caisse de l'Etat. Il leur a simplement donné des numéros de comptes bancaires ouverts à la Banque centrale, BRB, par lesquels ils devront faire passer en catimini l'argent de l'Etat qu'ils ont indûment empoché.
Depuis que le parti Cndd-Fdd préside aux destinées de ce pays, cet arrangement entre le chef de l'Etat et les détourneurs de deniers publics est atypique. On a l’impression qu’il est plus facile pour le pouvoir du Cndd-Fdd d’accuser les gens par la voie des ondes que par la voie judiciaire.
Par Jean-Marie Kiradodora