Burundi – Droits de l’Homme : Des familles alertent sur des disparitions forcées à la prison centrale de Rutana
Rutana, 13 mai 2025 – Des familles de détenus incarcérés à la prison centrale de Rutana lancent un cri d’alarme après la disparition inquiétante de leurs proches. Selon plusieurs témoignages recueillis, des agents du Service National de Renseignement (SNR) se seraient introduits dans la prison dans la nuit du 13 mai 2025 vers 23h, avec la complicité présumée du représentant des détenus, pour y kidnapper plusieurs prisonniers.
Les détenus disparus :
Dukundane Onésphore, ancien combattant du mouvement rebelle FNL de Rwasa Agathon, natif de la province de Ruyigi. Il avait été arrêté le 15 avril 2020 dans le quartier Shatanya, à Gitega, accusé d’avoir participé à une attaque contre le domicile du représentant de la ligue des jeunes Imbonerakure du CNDD-FDD, situé dans le quartier Swahili.
Ndayizeye Raphaël, également ancien membre du FNL et originaire de Karusi, il a été arrêté le même jour et sur les mêmes accusations que Onésphore Dukundane.
Nzohabonayo Didier, membre du parti MSD, il est originaire de la zone Ngagara, à Bujumbura. Il avait été arrêté à son domicile le 9 avril 2018, accusé de détention illégale d’armes à feu et de troubles à la sécurité intérieure de l’État.
Kana Aimable, membre du parti MSD, originaire de la zone Cibitoke (Bujumbura). Il a été arrêté le 13 octobre 2018 alors qu’il travaillait dans sa boutique située au 7ème Avenue, numéro 58. Il était accusé de collaboration avec le groupe rebelle RED-TABARA.
Un appel à l’aide lancé à la CNIDH :
Les familles des disparus demandent l’intervention urgente de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) pour les aider à retrouver leurs proches. Elles expriment une profonde inquiétude quant au sort réservé aux détenus, redoutant qu’ils aient été exécutés ou soumis à de graves mauvais traitements. Des sources internes à la prison de Rutana confirment que les détenus auraient été violemment malmenés par les agents du SNR lors de leur enlèvement.
La CNIDH dit enquêter :
Nous avons contacté par téléphone, le commissaire général de la CNIDH, il a indiqué avoir été mis au courant de la situation et être déjà en contact avec les familles concernées. Il affirme que des enquêtes sont en cours.
Une situation préoccupante pour les droits humains :
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de préoccupations récurrentes concernant le respect des droits humains au Burundi, notamment en ce qui concerne le traitement des détenus politiques et la transparence des services de sécurité.
Nous continuerons à suivre de près l’évolution de ce dossier.
Par Ninette Nancy Mutoni.