Burundi : les acheteurs craignent une flambée incontrôlée de prix conséquente à la crise des criquets pèlerins
La population de la Mairie de Bujumbura a de sérieuses craintes de montées de prix sur les marchés suite à l’invasion des criquets pèlerins qui s’observent dans certains pays de l’EAC.
Aron Ndikumana habite le quartier de Kibenga. Père de 5 enfants, il se confie à la rédaction en ces termes :
« Il y a une semaine que je me suis approvisionné en riz. J’achète le sac de riz de 25 kg. Désormais, mon fournisseur m’a déjà averti que delà a deux semaines, le prix d’achat du sac de riz de 25 kg sera majoré de plus de 20.000frbu. En cause, la Tanzanie serait prête à suspendre l’exportation de sa production alimentaire suite à la crise des criquets migrateurs», se confie-t-il à notre rédaction.
Réalité ou spéculation ? C’est la question qui se pose. En effet, il y a un mois, les prix des denrées alimentaires des produits de première nécessité s’observe sur les marchés de la capitale et ceux de l’intérieur du pays.
«Pour le riz qui est cultivé localement, 1 kg est passé de 1800 FBu à 2000 FBu tandis que celui dit umutanzaniya, c’est-à-dire le riz importé à partir de la Tanzanie, 1 kg est passée de 2500 FBu à 3000 FBu, soit une augmentation de 20% du prix d’Achat. 1 kg d’oignons rouges est passé de 2200 à 3000 francs, soit une augmentation de plus de 40 % du prix d’Acha t» indique a la rédaction un vendeur trouvé sur l’un des marchés locaux de la province de Kayanza.
Certaines causes évoquées pour expliquer cette flambée de prix est que l’Etat a mis en place une mesure protectionniste qui empêche les producteurs à écouler les produits vivriers sur le marché et surtout dans les pays voisins. Une autre raison avancée est que les grandes organisations humanitaires comme le PAM qui peine à s’approvisionner a l’extérieur rafle toute la production locale pour nourrir les réfugiés.
Si cette hypothèse relative aux difficultés d’importer les produits alimentaires à partir de la Tanzanie s’avère vraisemblable, ce sera un coup dur pour la sécurité alimentaire du pays. Quant aux principaux pays d’importation du Burundi, en 2017 par exemple, la Chine vient en tête pour une part de 13,5%, suivie de l’Inde et de la Tanzanie à hauteur respectivement de 12,6% et 9,8%. En 2018, le Burundi ne figurant pas sur la liste des principaux pays clients d’exportation de la Tanzanie. Le Rwanda occupe le 1er pays client de la Tanzanie avec 18,7% des exportations pour la même année, suivi du Kenya avec 9, 2%, de la Zambie avec 7,3% et de la Gambie avec 5,3%.
Selon l’Office Burundais des Recettes, en 2018, plus de 17% des importations du Burundi viennent de la CAE. La Tanzanie vient en tête en fournissant 35,2% de la valeur des importations, suivie de l’Ouganda à hauteur de 31,4%, du Kenya à 30,4% et du Rwanda dans des proportions de 2,9%. Les importations à partir du Rwanda ont diminué de 46,3%.Selon les données qui ont été publié par la FAO au début de 2019, le Burundi enregistrait 1,7 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave, 121 000 enfants de moins de cinq ans et 62 000 femmes enceintes et allaitantes étaient menacés par une malnutrition chronique, 100 000 personnes touchées par des catastrophes naturelles, 90% de la population dépendaient d’une agriculture de subsistance et 65% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
A l’heure qu’il est, le secrétaire général de l’ONU appelle à une action internationale afin de lutter contre les essaims de criquets qui ravagent plusieurs pays en Afrique de l’Est. Cette exhortation a été faite en marge du 33ème Sommet ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA), selon l’Agence ECOFIN.
Entretemps, la la FAO a demandé une aide financière de 76 millions $ pour soutenir les 5 pays déjà touchés, elle a indiqué la semaine dernière n’avoir mobilisé que 15,4 millions $ jusqu’ici. Selon toujours la FAO, des pays comme le Soudan du Sud et l’Ouganda présentent également des risques d’invasion par les criquets.
Steve Baragafise