• Home
  • ACTUALITÉS
  • Burundi : Agathon Rwasa est désigné par le CNL comme candidat aux présidentielles de Mai

Burundi : Agathon Rwasa est désigné par le CNL comme candidat aux présidentielles de Mai

Cela n’a pas été une surprise. Le congrès extraordinaire du parti CNL qui s’est tenu ce 16 Février à Bujumbura vient de designer Agathon Rwasa comme candidat aux élections présidentielles prévues au mois de Mai 2020. 

« L’idée de se porter candidat aux élections de 2020 a été rendue possible par l’agreement de son nouveau parti politique, le Conseil National de Libération(CNL) le 14 février 2019 à l’issue d’un long bras de fer avec les autorités du pays. Apres cet agreement, Agathon Rwasa a sérieusement travaillé sur l’ouverture des permanences de son parti,  sa structuration et l’organisation des congrès pour encourager ses membres à travers tout le pays. L’objectif étant de préparer les élections de 2020» indique un membre du CNL contacté par la rédaction.  

En septembre 2019, Agathon Rwasa avait tenté de relancer sa coalition Amizero y’Abarundi qui était devenue la 2eme dans les scrutins de 2015 mais en vain. En cause, la nouvelle constitution votée lors d’un referendum polémique le 17 Mai 2018  n’autorise pas la formation des coalitions. D’ailleurs, les membres d’Amizero y’Abarundi, principale formation d’opposition présente à l’Assemblée, seuls partisans du « non » autorisés à faire campagne avaient dès  l’issue du vote dénoncé des irrégularités, des cas de bourrages d’urnes et des actes d’intimidation, précisant qu’ils ne reconnaîtraient pas les résultats de ce referendum. Pour le CNL, ce processus a été constamment entaché d’irrégularités et de tentatives d’intimidation. 

Agathon Rwasa incarne une importante voix dissidente du pays

Agathon Rwasa est le 1er candidat présidentiel officiellement opposant et le plus connu de la scène politique. Outre le General Major Evariste Ndayishimiye qui va représenter le parti au pouvoir aux élections de Mai, aucun autre candidat de taille ne peut rivaliser avec le CNL d’Agathon Rwasa. 

« Il faut attendre et voir la position de la CENI. C’est à elle seule que revient la tâche de valider les candidatures déjà présentées. Celle d’Agathon Rwasa fait déjà polémique puisque sa formation est jeune d’1 année alors qu’un article de la nouvelle constitution stipule qu’aucun parti politique ne peut se présenter aux élections s’il n’a pas deux ans d’existence. Cela pose déjà problème puisqu’un parti politique très jeune aussi, FPN-IMBONEZA a déjà désigné son candidat aux élections alors qu’il n’a pas deux ans d’existence. La CENI doit clarifier cette situation » commente un observateur contacté par la rédaction. 

A l’interne, les choses ne sont pas faciles pour le CNL. La scène politique représente toute autre réalité. Déjà 490 cadres et militants du parti sont emprisonnés, dont 80 dans la seule province natale (Ngozi) de Agathon Rwasa, une dizaine ont été assassinés, d’autres ont été torturés. Plus de 80 permanences du CNL ont été détruites ou dégradées, affirme l’opposition. 

Et il est toujours aussi difficile pour les journalistes de travailler dans le pays : le 30 janvier 2020, quatre d’entre eux étaient condamnés à deux ans et demi de prison et une amende d’un million de francs burundais (environ 530 dollars US).

« Ces condamnations font partie d’un schéma de répression par le gouvernement des personnes qui tentent de faire lumière sur des abus ou d’informer sur des sujets sensibles.  Elles s’inscrivent dans un contexte de répression accrue à l’encontre des personnes perçues comme étant des détracteurs du gouvernement, à l’approche des élections prévues à partir de mai. Poursuites judiciaires, menaces et actes d’intimidation ont contraint de nombreux activistes et journalistes à cesser de travailler sur les questions sensibles en matière politique ou des droits humains, ou à quitter le pays. » analyse le Human Right Watch. 

En mai 2018, le camp de transit de Lumasi a accueilli plus d’une soixantaine de demandeurs d’asile. Ils fuient des exactions commises dans le pays, des disparitions et des intimidations.  C’étaient essentiellement des jeunes gens, des femmes et des enfants venus en masse par groupe. Ils étaient pour la plupart des membres du parti CNL et se disaient menacés par des Imbonerakure et des administratifs à la base. Trois mois plus tard,  les militants du parti de l’opposition, le conseil national de libération ont accusé  le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, d’être partial dans la communication qu’il fait sur les altercations souvent observées  entre les imbonerakure, les jeunes appartenant au parti au pouvoir et les membres du parti de Rwasa Agathon, principal opposant politique du régime en place. 

À 56 ans, Agathon Rwasa, chef historique des rebelles  hutu des Forces nationales de libération (FNL), est considéré comme le principal rival du général Evariste Ndayishimiye, candidat du parti au pouvoir, issu également d’un mouvement rebelle hutu, le CNDD-FDD. «Élu premier vice-président de l’Assemblée nationale avec les voix du parti du Nkurunziza, dont il avait pourtant contesté le droit à briguer un troisième mandat, critiqué par certains de ses anciens alliés, Rwasa misait gros. Mais, peu de temps après, le président a renforcé sa mainmise sur les rouages de l’État et boudé le dialogue inter burundais, censé ouvrir la voie à une sortie de crise. » commente le jeune Afrique. Les diplomates notamment, lui prêtent un savant calcul politique : « Il se dit qu’en se plaçant au-dessus de la mêlée il se positionne pour la succession de Nkurunziza au cas où ça tournerait mal. » Le principal intéressé se défend de tout cela. Ce qui le guide désormais ? La responsabilité, dit-il. « Moi, j’ai définitivement dit adieu aux armes. Je suis plus utile aujourd’hui dans l’opposition. »

 

Gaudence UWINEZA

 

Partager cet article !