Burundi : Deux experts des NU condamnent l’emprisonnement des journalistes d’Iwacu
Deux experts des Nations-Unies viennent de condamner ouvertement l’emprisonnement des quatre journalistes du groupe de presse IWACU.
Les deux experts sont respectivement le rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression David KAYE et Michel FORST, le rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des Droits de l’Homme et le groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire.
« Après un procès entaché d’irrégularités, la condamnation de quatre journalistes à la prison pour avoir simplement exercé leur travail de collecte d’informations n’est pas acceptable» indiquent-ils dans leur rapport publié ce vendredi, 21 Février 2019.
Pour David KAYE et Michel FORST, les journalistes ont le droit d’exercer leur profession de manière libérale et indépendante et avoir accès aux sources d’informations dont ils ont besoin.
« Nous sommes vivement préoccupés par le fait que les condamnations à des peines d’emprisonnement aient été prononcés a l’issue d’une procédure qui ne semble pas avoir respecté les garanties du droit à un procès équitable » ajoutent-ils. D’après ces experts onusiens, la condamnation des quatre journalistes d’Iwacu est liée à l’exercice de leur profession : « Le fait que les journalistes aient été condamnés a l’approche des élections alors qu’ils travaillent pour Iwacu, l’un des derniers médias indépendants du pays, pose des questions sur les motifs véritables du verdict prononcé » martèlent-ils.
Interrogés et inculpés
En effet, les quatre journalistes qui ont été arrêtés sont Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Egide Harerimana et Térence Mpozenzi – et leur chauffeur. Ils ont été au cours de leur reportage sur les attaques du Mouvement Red-Tabara du 22 Octobre en commune Musigati de la province de Bubanza. A la suite d’un procès, ils ont été inculpés par le Tribunal de Bubanza de 2 ans et 6 mois d’emprisonnement et une amende d’1 million chacun, le chauffeur ayant été libéré.
Plusieurs organisations nationales et internationales dont le Human Right Watch ne cessent de demander la libération de ces journalistes emprisonnés tout en précisant que «les journalistes jouent un rôle essentiel en faisant la lumière sur les questions qui touchent à l’intérêt général et ne devraient pas être poursuivis pour le travail qu’ils accomplissent en toute légitimité. Les autorités devraient inverser la tendance actuelle de répression contre la liberté de la presse et, dans un premier temps, libérer sans attendre ces journalistes (…) arrêtés alors qu’ils faisaient leur travail» selon Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique à Human Rights Watch.
Gaudence Uwineza