Burundi : l’ISTEEBU effectue une enquête sur les compteurs d’eau et d’électricité.
C’est une information que la rédaction doit à certains habitants de la Mairie de Bujumbura. En effet, selon certains d’entre eux, « Il se voit quelques jours des enquêteurs de l’ISTEEBU qui passent dans chaque ménage des quartiers de la Mairie de Bujumbura pour faire un relevé des compteurs électriques de nature CASH POWER et des compteurs de l’eau » ont-ils indiqué a la rédaction.
Selon les mêmes habitants, le travail se déroule de la manière suivante : « On relève la nature du compteur électrique, l’identité complète du détenteur, le prix d’achat mensuel des unités CASH POWER et l’index du compteur de l’eau. Les enquêteurs sont payés à raison de 50 mille francs par jour. Le travail est prévu pour 40 jours. Il se déroulera aussi à l’intérieur du pays. » ajoutent certains des habitants dont les ménages ont fait objet d’enquête.
Quant à l’objectif de cette enquête, la réponse n’est pas encore connue. « Les enquêteurs même ne savent pas la raison de cette enquête. Les uns parlent d’une possible privatisation de la Regideso, les uns disent plutôt que la Regideso voudrait renouveler son parc matériel et d’autres ne savent absolument rien » martèlent les habitants de la mairie de Bujumbura.
Ces derniers jours, les autorités de la Regideso avaient indiqué, dans une sortie médiatique, que 45% de l’eau produite par cette société n’est pas consommée. Les raisons de ce non consommation sont que le matériel de distribution d’eau est très vétuste et n’a plus les capacités de distribution requise.
Le 29 Mars 2019, le Ministre de l’Energie et des Mines n’a pas caché sa colère lors d’une assemblée générale qu’il a tenue à l’endroit des travailleurs de la Regideso. Pour le Ministre Come Manirakiza, de la santé financière de la régie de production et de distribution de l’eau de l’électricité (Regideso) allait de mal en pis. Tous les indicateurs étaient au rouge. Les impayés qui s’accumulaient, la corruption, le système de recouvrement défaillant et les malversations économiques qui minaient cette institution. La Regideso dépense plus ce qu’elle gagne, selon le ministre en charge de l’énergie. La direction générale fut rappelée à l’ordre. Le ministre Manirakiza regrette le manque de transparence dans la passation des marchés. « Après la soumission des offres, les membres de la cellule de gestion des marchés publics retirent certains éléments du Dossier d’Appel d’Offre (DAO) pour favoriser l’un ou l’autre soumissionnaire. C’est pourquoi ce sont les mêmes personnes qui gagnent les marchés. Des enquêtes sont en cours pour identifier les auteurs de ces magouilles », avait-il fait savoir.
A propos, dans une interview accordée au Journal Burundi Eco en juin 2018, Léonidas Sindayigaya, porte-parole du ministère en charge de l’énergie évoquait surtout la question des sureffectifs de la Regideso. Le ratio employé-abonné reste très élevé. Aujourd’hui nous avons au moins 110 000 abonnés de la Regideso au moment où le personnel oscille autour de 1200-1300 employés. Les standards de la Communauté de l’Afrique de l’Est recommandent que ce ratio soit d’un employé pour 50 abonnés alors que la Regideso dépasse 80 abonnés par employé, a précisé Sindayigaya.
Le taux d’impayés est aussi très élevé. En mai 2018, la Regideso accusait des créances de plus 60 milliards de FBu. Malgré les multiples campagnes de recouvrement, la situation ne s’améliore pas, le volume d’impayés augmente.
Lors de cette assemblée générale, un autre constat dégagé était qu’il y a un déséquilibre entre les recettes et les charges de la Regideso. Les charges dépassent en permanence les recettes enregistrées. Le ministre Manirakiza réclamait des sanctions sévères contre les personnes impliquées dans le détournement des biens publics. « Nous devons éliminer les employeurs défaillants pour rester avec ceux qui défendent les intérêts de la société », prévenait-il. La surfacturation des devis pour dégager des profits est une réalité. « S’il n’y a pas de suivi rigoureux dans le recouvrement des fonds, la société n’évolue pas. Par contre, elle fait obligatoirement faillite », déplorait le ministre Manirakiza.
Est-ce que cette enquête effectuée par l’ISTEEBU en collaboration avec la Regideso est de prévenir cette faillite dont parlait le Ministre Come Manirakiza ? C’est la question qui se pose avec acuité car cette institution a besoin d’un nouveau souffle, selon même ses autorités. Apparemment, le travail à faire est de taille vu l’inquiétude du Ministre « Les agents rusés négocient avec les industriels pour contourner les compteurs électriques. D’autres industries se font enregistrer dans la catégorie des ménages. Ce qui fausse complètement le système de facturation. « Pire encore, les agents de recouvrement font un deal avec les clients. Ils falsifient les factures de l’eau ou de l’électricité et bénéficient en contrepartie 10 % de la facture », regrettait, dans cette assemblée, le ministre Manirakiza.
Steve Baragafise