Covid-19 : un fiasco de la strategie choisie par le burundi

La pandémie de Covid-19, est une crise sanitaire qui touche le monde entier. Dans certains pays, elle fait des ravages et on compte de milliers de morts en Chine, aux Etats-Unis et dans beaucoup de pays de l’Europe. Contrairement aux projections de l’OMS, l’Afrique est jusqu’aujourd’hui le continent le moins touché. En ce qui concerne le Burundi, les personnes contaminées sont au nombre de 42 dont un mort. Que peut-on dire de la stratégie choisie par les autorités du ministère de la santé au Burundi ?

Quelles sont les principales stratégies qui ont été utilisées dans le monde ?

Confinement


La Chine est le premier pays qui a été touché par cette pandémie et pour arrêter la propagation du coronavirus, la Chine a décidé de confiner Wuhan, ville berceau de cette pandémie. D’après les autorités chinoises, cette stratégie a pu stopper la propagation de la maladie et a sauvé beaucoup de vies humaines. Beaucoup de pays dans le monde ont alors adopté cette stratégie. Cette stratégie a pour but de diminuer la contagion en limitant les contacts entre individus. En plus de cela, elle permet d’éviter aux hôpitaux d’être débordés par un afflux massif de patients. Cependant, cette stratégie a été critiquée parce que son coût social et économique est exorbitant. C’est entre autres une récession économique dans tous les pays, les problèmes de santé mentale pour les gens confinés, les violences domestiques etc. Le risque d’une seconde vague n’est pas non plus á écarter après un confinement strict.

La stratégie suédoise


La Suède a opté pour une stratégie visant l’immunité collective. Cette stratégie consiste á protéger les personnes âgées et fragiles mais laisser le virus circuler parmi les personnes les plus jeunes. Les rassemblements de plus de 50 personnes ne sont pas autorisés. Cette stratégie exige une grande responsabilité et discipline de la population parce qu’il n’y a pas de contrôle pour voir si la population applique á la lettre les recommandations données par le ministère de la santé.

Certains épidémiologistes trouvent que cette méthode est un pari risqué parce qu’il faut qu’au moins 70 % de la population soit immunisée pour éviter que l’épidémie se propage de nouveau. En comparant le nombre de décès dans les pays scandinaves, la Suède a plus de 3 000 morts alors que ses voisins qui ont opté pour le confinement ont de très faibles taux de mortalité. Mais, certains épidémiologistes disent qu’á long terme, la différence entre les morts sera minime entre les pays qui ont opté pour l’immunité collective et ceux qui ont choisi de confiner leur population. Un autre problème avec cette stratégie est que jusqu’aujourd’hui, on ignore si une personne une fois affectée par le coronavirus est immune et combien de temps cela dure.  Cependant, cette stratégie a relativement moins d’impact sur l’économie.

La stratégie de la Corée du Sud et certains pays asiatiques.


Cette stratégie consiste á tester massivement la population, mettre en quarantaine les personnes affectées et tracer les personnes qui ont été en contact avec les malades du coronavirus. Cette stratégie requiert beaucoup de moyens financiers et humains pour faire ces tests á grande échelle et d’outils numériques pour un traçage efficace. Elle suppose aussi le port des masques.

Le Taiwan qui tout au début de cette crise sanitaire avait alerté á l’OMS du mode de contagion du coronavirus a choisi une stratégie similaire. La différence est qu’elle ne pratique pas des tests á grande échelle. Pour le Taiwan, il est inutile de pratiquer des tests à grande échelle tant que les sources d’infection du coronavirus peuvent être tracées.

Une analyse de la stratégie adoptée au Burundi

Avant d’aborder cette question de stratégie contre la propagation du coronavirus, on peut se demander si nous avons des dirigeants soucieux de la santé de la population burundaise. Avant le premier cas positif du COVID-19, plusieurs hauts dignitaires du pays inclus le candidat du CNDD-FDD á la présidence ont dit qu’ils s’en remettent á Dieu pour contrer le coronavirus. De quel dieu s’agit-il ? Le coronavirus tue bel et bien les croyants comme les athées, les riches comme les pauvres. Si le parti au pouvoir est incapable de donner des solutions aux problèmes quotidiens des Burundais, je pense qu’il faut que le peuple l’oblige á quitter le pouvoir.

Concernant, la stratégie contre le coronavirus, il faut commencer á dire que toutes ces stratégies ne sont pas applicables au Burundi. Il faut également souligner qu’il est très tôt pour dire la stratégie qui est la plus efficace et celle qui est la mieux appropriée pour le Burundi.

Le confinement de toute la population n’est pas à mon avis une bonne stratégie pour le Burundi. Beaucoup de gens, surtout dans les grandes villes, exercent de petits boulots et vivent au jour le jour. Ceci veut dire qu’en cas de confinement, le gouvernement devrait distribuer des denrées alimentaires comme ça été le cas dans certains pays africains. On peut citer le cas du Rwanda et de l’Ouganda.

Dans beaucoup de secteurs d’activités, le télétravail n’existe pas ou il est très peu développé. En obligeant les gens de rester á la maison, l’économie va s’arrêter et en plus de cela, le gouvernement burundais devrait prendre des mesures d’accompagnement telles que la subvention des salaires, la gratuité de l’électricité et de l’eau, l’exonération fiscale ou le report des paiements d’impôts pour les entreprises publiques et privées, le report des paiements des loyers, aider les banques en cas de non-remboursement des crédits etc. Cette stratégie requiert beaucoup de moyens financiers, chose que le Burundi ne peut pas se permettre.

Comme cette stratégie de confinement est très couteuse, le Burundi a choisi une stratégie un peu similaire á celle pratiquée en Taiwan.  La stratégie burundaise consiste á tester les personnes qui présentent des symptômes du COVID-19 et en cas de test positif, la personne affectée ainsi que toutes les personnes qui ont été en contact sont mises en quarantaine.

Cette stratégie n’est pas chère et peut fonctionner si ces tests étaient effectués dans tout le pays et par les hôpitaux publics et privés.  Or, c’est seulement l’INSP (Institut National de Santé Publique) qui est autorisé á les faire. Ceci constitue le premier obstacle dans cette lutte contre le coronavirus.

Cette stratégie suppose également un traçage efficace. Le traçage numérique n’est pas aujourd’hui possible mais il y a moyen de le faire avec de simples méthodes. Malheureusement, le Burundi n’a pas interdit les grands rassemblements comme les messes, les activités sportives et autres. Le mode de vie n’a pas tout simplement changé. Le port du masque n’est pas obligatoire. En plus, depuis plus d’une semaine, le pays est en pleine campagne électorale. Ce qui rend toutes formes de distanciation impossible. En un mot, un traçage efficace ne peut pas être effectué dans ce contexte.

Un autre problème est que les conditions de vie pour les personnes mises en quarantaine sont très mauvaises. Comme conséquence, les gens testés positifs ne donnent pas de réponses correctes pour éviter que les leur se retrouvent dans ces conditions qui peuvent aussi être sources d’autres maladies. Je pense que la situation n’est plus sous contrôle et sans doute, le pays compte plus de cas de positifs du Covid-19 que les statistiques donnés par les autorités sanitaires.

Vu que la population burundaise est très jeune, on peut se demander si le ministère de la santé a aussi choisi de laisser circuler le virus comme c’est le cas en Suède. Dans la stratégie suédoise, les personnes âgées et fragiles sont protégées. Au Burundi, il y a beaucoup de personnes atteintes de tuberculose, du VIH et d’autres maladies qui affectent le système immunitaire. A ma connaissance, il n’y a pas de mesures spéciales qui ont été prises pour protéger les personnes âgées et les personnes atteintes de ces maladies.  Le taux de mortalité pour les personnes á risque est très élevé. Ce qui veut dire que la stratégie suédoise sans d’autres mesures de protection est tout simplement une folie. C’est pourquoi les personnes á risque devraient être très vigilantes.

La gestion de cette crise sanitaire par les autorités sanitaires du Burundi est jusqu’aujourd’hui un fiasco. Pas de transparence, pas de collaboration avec les autres partenaires œuvrant dans le domaine de la santé, pas de restrictions de mouvements et de rassemblements. Dans ce contexte, tout burundais devrait en premier lieu prendre soin de sa santé en évitant les grands rassemblements et en appliquant correctement les mesures d’hygiène recommandées. En deuxième lieu, nous devrons nous débarrasser de ce gouvernement incapable de faire le minimum nécessaire pour nous protéger contre cette pandémie. 

Par Jr Gihugu

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