Le calvaire des soldats burundais sur le sol congolais

Depuis 2016, l'armée burundaise tente une mission "d'éradiquer les groupes armés burundais" sur le sol congolais sans succès. Dans cette mission, les militaires burundais entrent en clandestinité en République démocratique du Congo aidés par certains hauts gradés de l'armée congolaise opérant dans le Sud Kivu et guidés par certains groupes armés locaux comme les maï maï et les Banyamulenges qui collaborent avec le groupe armé GUMINO.

Sous le règne Kabila, l'entrée de ces soldats burundais en RDC était presque légale. Ce qui a changé depuis l'arrivée au pouvoir du président actuel Félix Tchisekedi. L'arrivée dans les hauts plateaux du Sud Kivu, cette sélection des militaires fidèles au pouvoir cndd-fdd mélangés avec des imbonerakure, milice du pouvoir, fait alliance avec le groupe FDLR-interahamwe originaire du Rwanda et dont les membres sont accusés de commettre le génocide dans leur pays, Gumino le groupe rebelle congolais composé des Banyamulenges, ainsi que les combattants du mouvement RNC de Kayumba Nyamwasa, pour mener des combats contre le groupe rebelle burundais Red-tabara.

Actuellement, les incursions des militaires burundais en terre congolaise ne seraient pas vues d'un bon oeil par le pouvoir de Kinshasa qui considère qu'il y a un agenda caché dans ces manoeuvres du pouvoir de Gitega dans cette partie de la RDC géopolitiquement fragilisée par des guerres et conflits internes sans issues ni fin. Cette méfiance étant également nourrie du fait que les militaires burundais et alliés collaborent actuellement avec le colonel Rukunda, un munyamulenge déserteur des FARDC connu sous le nom de Makanika.

Ayant déjà senti qu'ils sont indésirables sur le sol congolais après la récente incursion dans laquelle ils ont menés des combats intenses avec le groupe Red-tabara, les militaires burundais décident de rebrousser chemin mais ils sont tombés dans une embuscade des FARDC et le bilan a été catastrophique. Beaucoup de morts enregistrés par l'armée burundaise et alliés. Certains soldats tombés seront brûlés pour essayer d'effacer les preuves de leur identité. Suite à des difficultés de se replier avec beaucoup de blessés, certains blessés graves seront achevés pour se décharger. "Notre bataillon a perdu beaucoup d'hommes en RDC et même parmi les survivants, il y a beaucoup de blessés, nous avons été attaqués de tous les côtés", affirme un imbonerakure de Gihanga de retour de la mission.

Après cette tragédie, certaines familles apprendront de mauvaises nouvelles. Les leurs ne sont plus parmi les vivants. Ce qu'elles ne connaitront jamais, c'est la cause et l'endroit où les leurs ont péri. C'est le cas à Gihanga d'une femme de l'un des soldats qui étaient allés dans cette mission en RDC, à qui on annonce que son mari n'est plus. Mais pour embrouiller les pistes, on lui a expliqué que son mari est tombé dans une attaque des hommes armés à la position qu'il occupait près de la Rusizi. Son nom est Ngendakumana Santias.

Le jour des obsèques de Santias, les membres de sa famille n'auront pas le droit de s'approcher du cercueil pour un dernier aurevoir. "Nous pensons que le cercueil était vide", nous a confiés un membre de la famille de Santias.

Ngendakumana santias était un démoblilsé du cndd-fdd, mais qui, par magouilles du pouvoir, était enrôlé de nouveau dans l'armée burundaise. Il a même participé dans beaucoup de missions de l'armée burundaise en Somalie et en Centrafrique, comme nous l'indique notre source à Gihanga. Il était logé au camp Muzinda et était sollicité dans les missions de la documentation burundaise.

Une source au sein de l'armée burundaise affirme que les militaires burundais ont quitté le sol congolais mais qu'il y'a une dizaine qui y reste en tenue civile dans le but de contrôler tous les mouvements des rebelles burundais afin d'en informer leur hiérarchie au Burundi. Mais au moment où nous rédigeons ces dernières lignes, nous apprenons qu'une nouvelle incursion de l'armée burundaise et imbonerakure est en cours sans plus de détails. L'armée burundaise nie toujours les allégations de son incursion en terre congolaise.

Milindi Honoré

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